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Le rêve d'une vie meilleure

Extrait - Première partie - Chapitre 2

Une notification de connexion surgit : l’allocution de Mouna Saba allait commencer. L’employée appuya sur l’icône ; le retour haptique généré par l’anneau qui cerclait son index, lui conféra l’impression de la toucher réellement. Les bagues de commandes passées à chaque doigt permettaient d’interagir dans les univers virtuels avec plus de réalisme et moins de contraintes que les gants, qui faisaient depuis longtemps figure d’antiquité. Hormis quelques récalcitrants – autrement dit les vieux réactionnaires et les antitechs radicaux –, tout le monde en portait. Idem pour les lunettes, les lentilles ou encore les implants neuronaux, dont le taux d’appareillage progressait toujours lentement – lentement mais sûrement. Toute cette technologie à la mort annoncée par une portion pessimiste (ou optimiste selon le point de vue) depuis des décennies prospérait sans difficulté dans une société accro malgré elle à la nouveauté et à un besoin incessant d’ubiquité ; être ici et partout à la fois, jamais seul, connecté à son groupe et aux inconnus qui l’entourent. Au fil du temps, ces wearables, si bien nommés, s’étaient faits plus discrets, moins envahissants, plus efficaces. En revanche, télévisions, tablettes et smartphones rejoignaient les déchèteries pour disparaître comme le téléphone à fil, le magnétoscope ou les baladeurs avant eux. Restaient uniquement quelques moniteurs intégrés aux objets connectés du quotidien, tels que les cafetières ou les réfrigérateurs, et les écrans surdimensionnés. Ceux-là servaient surtout à habiller des espaces vides, des salles d’attente ou des points de rencontre au cas où un lambda aurait oublié son équipement ou s’y refuserait encore – conserver une chance de le convertir s’avérait nécessaire. Difficile pour quiconque de ne pas se résoudre à cette conclusion : en quoi ces appareils encombrants auraient-ils pu être utiles désormais ? Chacun pouvait regarder un film au cinéma, suivre un match de foot dans un stade ou assister à un concert sur une place bondée, sans quitter sa chambre ou son salon. Les moins bien équipés avaient l’image, le son et le toucher, les autres, l’odorat et même le goût.

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